PRO CAUSA DE BEATIFICAÇÃO - PRO CAUSE DE BÉATIFICATION

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Alexandrina et la consécration du monde
au Cœur Immaculée de Marie

Dans sa lettre du 1er août 1935 à son Directeur spirituel, nous trouvons pour la première fois, des références concernant la Consécration du monde au Cœur Immaculé de Marie.

Notre Seigneur, après lui avoir parlé des péchés du monde et du besoin qu’il a d’âmes réparatrices lui dit encore :

— “Autrefois j'ai demandé la Consécration du genre humain à mon divin Cœur. Maintenant, je la demande au Cœur Immaculé de ma Très Sainte Mère”[1].

Dans sa lettre du 10 septembre 1936 on peut lire :

— “Dis à ton Père spirituel de faire connaître partout que ce fléau [2] est un châtiment, c’est la colère de Dieu. Je punis pour leur rappeler : Je veux le salut tous. Je suis mort pour tous. Je ne veux pas être offensé et je le suis grandement, en Espagne et partout dans le monde entier !”

Puis, comme pour prescrire le remède, il propose la consécration du monde au Cœur Immaculée de Maria, ajoutant ensuite :

— “Je vais te dire comment sera faite la consécration du monde à la Mère des hommes et ma très Sainte Mère, que j’aime tant ! Ce sera à Rome, par le Saint-Père, qu'il sera consacré, et ensuite par tous les prêtres dans toutes les églises du monde entier sous le titre de Reine du Ciel et de la terre, et Notre Dame des Victoires... Ne craignez pas, mes desseins s’accompliront”.

Les désirs de Jésus s’accomplirent en octobre 1942 et la formule de consécration employée par Pie XII invoquait la Sainte Vierge comme Reine du monde, Reine de la Paix et Victorieuse de toutes les batailles de Dieu, équivalent au titre de Notre Dame des Victoires.

Il est bon de signaler que pendant plus d’une année, après que le Seigneur lui ait demandé la consécration, aucune démarche dans ce sens ne fut faite auprès du Saint-Siège. Mais au mois d’août 1936 Notre Seigneur se plaint que rien n’ait été entrepris et lui ordonne d’écrire au Pape, si nous ne voulions que le fléau qui fustigeait alors l’Espagne ne se propage dans monde entier.

Ce fut alors que pour la première fois le directeur de la malade adressa une courte lettre à Son Éminence le Cardinal Pacelli, secrétaire d’État de Pie XI, lui exposant succinctement, tout en laissant à la prudence de Son Éminence de la communiquer ou non à Sa Sainteté.

Quelques mois plus tard, il recevait de Monseigneur l’Archevêque Primat de Braga, diocèse où vivait Alexandrina, de la Sacrée Congrégation du Saint Office cette lettre, lui demandant davantage d’informations sur le cas et son avis autorisé. Son Excellence transmet sa réponse et aussitôt l’ordre est donné à la Nonciature de Lisbonne de faire examiner l’infirme sur cette affaire.

Le Père Paulo Durão, Provincial des Jésuites est chargé de choisir un prêtre pour mener à bien cette enquête ; il choisit son frère, le Père António Durão, lui aussi Jésuite, et l’invite à se rendre à Balasar pour examiner le cas. Voila pourquoi, dans les notes autobiographiques d’Alexandrina on trouve un chapitre intitulé : « Premier examen du Saint-Siège ». Voilà ce qu’il dit :

« Le 21 mai 1937, j’ai eu la visite du révérend Père Durão. Il était envoyé par le Saint-Siège afin d’examiner la question de la consécration du monde à Notre-Dame. Je ne désirais pourtant que vivre cachée, sans que personne sache ce qui se passait en moi. Le révérend remis à ma sœur un billet de mon directeur spirituel, lui demandant de me le lire. En entendant les mots du billet — qui étaient les suivants : “Je vous présente le révérend Père Durão ; parlez-lui librement et répondez à tout ce qu’il vous demandera” —, je me suis affligée et j’ai demandé à ma sœur : “Que dois-je lui répondre ?” Car je ne savais pas qu’un interrogatoire était nécessaire pour des cas comme le mien. Ma sœur m’a encouragée en me disant : — “Dis-lui ce que Notre Seigneur t’inspirera”.

J’ai été surprise, par la manière dont, sans hésitation, j’ai répondu aux questions au sujet des communications de Notre Seigneur. Il m’a suggéré de ne lui dire que les choses principales, afin de ne pas me fatiguer. Je lui ai répondu que je ne savais pas quelles étaient les choses principales. Le révérend me dit alors : — “J’aime ça ! J’aime ça !” Et ce fut alors qu’il m’a parlé de la consécration du monde à Notre-Dame. Après quelques questions il m’a dit : — “Vous ne vous trompez pas ?” À ces paroles, je me suis souvenue de mon erreur au sujet de ma mort et, j’ai pensé : — “Une fois déjà, je me suis trompée...” Et je lui ai raconté ce qui s’était passé le jour de la fête de la très Sainte Trinité, en 1936. Le révérend Père ne m’a plus dit si je ne m’étais pas trompée, mais il a repris : — “Ces choses-là coûtent beaucoup, n’est-ce pas ?” Et je lui ai répondu : — “Oui, elles coûtent et me rendent triste”. Et j’ai commencé à pleurer. À la fin, il s’est recommandé à mes prières et m’a assuré qu’il ne m’oublierait pas non plus, lors de la célébration de la sainte Messe ».

Le lendemain, après s’être retiré, il lui envoya de Braga le billet dont voici le contenu :

« Mademoiselle Alexandrina ;

Je viens remercier votre mère, vous et votre sœur de l’aimable accueil que vous m’avez réservé.

Je vous demande pardon de vous avoir gênées et dérangées, malgré moi, et, seulement, par devoir de conscience.

Aujourd’hui, au Saint Sacrifice de la Messe, j’ai bien recommandé vos intentions à Notre Seigneur. Je continuerai à lui demander que sa très sainte volonté soit faite, en tout ce qu’il désirera de vous. De mon côté, je tâcherai de ne mettre aucun obstacle à cette volonté divine.

Livrons-nous, totalement à Dieu. Sa Croix sera, parfois pesante… mais Jésus nous voit… et puis, nous avons l’éternité ! La grâce de Dieu ne saura nous manquer, même si nous ne la sentons pas.

Recommandez-moi aux prières de tous, afin que je ne sois pas un disciple indigne de Jésus.

Votre indigne serviteur, dans le Cœur de Jésus.

P. António Durão Alves, SJ »

Ce fut après ce premier examen que commencèrent les plus effroyables immolations dont nous avons rendu compte plus haut.

Plusieurs fois encore Notre Seigneur lui reparlera de la Consécration, comme ce fut le cas le 2 février 1938 et une fois encore le 25 avril de la même année.

A titre d’information, une seconde lettre fut envoyée à Son Éminence le Cardinal Pacelli, relatant les nouvelles et instantes demandes de Notre Seigneur.

Voila que le 30 octobre se produisent les phénomènes que nous avons déjà exposés lorsque nous avons parlé de la passion d’Alexandrina. Au cours de ceux-ci Notre Seigneur déclare qu’il sont une preuve supplémentaire confirmant qu’il désire que la consécration du monde au Cœur Immaculé de sa divine Mère soit faite au plus vite et, il promet en outre que si le Pape met en pratique sa divine Volonté, à sa mort, il montera directement au Ciel, sans passer par le Purgatoire.

Après avoir invité à Balasar deux de ses collègues, lors du phénomène de la Passion, et avoir entendu leur prudent avis, le Directeur spirituel de la malade écrivit directement au Pape Pie XI, le 24 octobre 1938. Il en découla une nouvelle enquête sur la malade, diligentée par le Saint-Siège. Cette fois-ci elle est menée par feu le chanoine Manuel Pereira Vilar, recteur du Séminaire de Braga. Alexandrina elle-même nous raconte succinctement le déroulement de cet examen :

« Le 5 janvier 1939 j’ai reçu la visite de notre curé, accompagné de Monsieur le chanoine Vilar qui, après s’être présenté, resta seul avec moi. Nous nous sommes entretenus des choses de Notre Seigneur pendant environ deux heures, avant de nous entretenir du sujet qui motivait sa visite. Monsieur le chanoine commença ainsi :

— Alexandrina, ma visite doit vous paraître étrange, vous ne me connaissez même pas…

Je lui ai souri et ensuite je lui ai dit :

— Je suis persuadée de connaître le motif de votre visite…

Ce à quoi il me dit :

— Dites, dites, Alexandrina…

— Alors — ai-je dit — vous êtes envoyé par le Saint-Siège — je le sentais dans mon âme à ce moment-là.

Je ne lui ai pas parlé de la « Crucifixion », ce fut lui qui en parla le premier, me disant :

— Il y a aussi quelque chose d’autre qui se passe depuis quelques mois, faisant allusion à la « Passion » et se montrant désireux d’y assister, chose qu’il a faite le vendredi suivant.

Lorsque j’ai parlé de tout ceci à mon Directeur spirituel, celui-ci m’a conseillé de tout lui raconter avec franchise.

Le chanoine Vilar m’a visité quatre fois, mais, de ces visites, seules deux faisaient partie de sa mission.

Je crois que ce fut au cours de sa première visite qu’il m’a dit :

— Je regrette de ne pas vous avoir connue plu tôt, mais pas dans les mêmes circonstances… »

Le compte-rendu d’Alexandrina à son Directeur spirituel, elle le termine en écrivant :

« J’ai beaucoup pleuré quand Monsieur le Chanoine me dit au revoir, avant son départ pour Rome. Il a promis de m’écrire, me disant que je devenais son « intercesseur » sur terre. J’ai en effet reçu quelques lettres de lui, dans lesquelles il semblait déposer en moi une entière confiance. Je lui ai répondu et nous nous sommes aidés mutuellement par des prières à Notre Seigneur ».

Nous avons en effet, en notre possession les originaux de sept lettres de Monseigneur Vilar, adressées à Alexandrina, qui constituent un excellent témoignage en sa faveur.

Nous n’allons pas toutes les copier ; quelques extraits en tout cas, prouveront ce que nous affirmons.

Quatre jours après son arrivée à Rome il lui écrivit et, entre autres choses, il lui disait :

« Je pense à vous chaque fois que je rentre dans la chapelle pour y visiter Jésus, ou à chaque fois que je prends mon chapelet sur lequel j’ai accroché le petit souvenir que m’avez offert lors de ma dernière visite : parmi ceux que j’ai, le votre est sans aucun doute celui que j’estime le plus. Tous les jours, lors de la Sainte Messe, j’ai pour vous un “mémento” spécial, demandant au Seigneur, pour vous, toutes les grâces dont vous avez besoin pour la réalisation de votre mission.

Je n’ai pas encore été reçu par le Saint-Père ; toutefois, dès que je le suis, je lui ferai part des désirs de Notre Seigneur ».

Le 2 juin 1939, il lui envoya une autre lettre :

« Bonne Alexandrina,

C’est aujourd’hui le premier vendredi du mois de juin et il y aura bientôt un mois que j’ai reçu votre lettre.

J’espérais, en vous écrivant celle-ci, vous donner de bonnes nouvelles concernant la consécration du monde au Cœur Immaculé de Maria, demandée avec tant d’insistance par Jésus, mais malheureusement je ne peux pas encore vous donner une information positive. Les choses ici à Rome se compte comme l’éternité : ici on n’y jamais pressé.

Continuons à prier et à faire tout ce qui dépend de nous, afin que, le moment venu, les désirs de Jésus se réalisent.

Ce matin, en pensant à vous lors de la Sainte Messe – comme habituellement – je me suis souvenu de votre « passion » et j’ai tout offert à Notre Seigneur. J’ai trouvé ainsi un moyen de réparation envers la divine Justice pour mes nombreuses et si graves infidélités… Je fais de mon mieux pour être charitable envers tout le monde, tandis qu’envers Jésus je suis toujours aussi infidèle ! Et après tout cela, selon vous, il vient encore me dire qu’il m’aime et qu’il me comprend.

Quand j’ai lu ces mots dans votre lettre, j’avais les larmes aux yeux, et celle-ci est restée au pied de mon crucifix, et s’y trouve encore…

Jésus vous entendue : encore une grande grâce. Mais je comprends que l’amour soit aujourd’hui pour vous, à la fois, le bourreau, le soutien, la force, la consolation, la félicité. Laissez-le faire : ce divin artiste sait réaliser des œuvres admirables ; et s’il vous mène jusqu’à l’immolation héroïque, plus grande sera la gloire du Seigneur, plus complète la réparation, bien plus belle la récompense. C’est cela qu’il demande, n’est-ce pas ? Cela n’est pas étonnant ! Dans cette période troublée, Jésus a besoin de victimes qui, avec Lui apaisent la divine Justice ».

Dans sa lettre du 5 juillet 1940 nous lisons :

« Début juillet quelqu’un a parlé au Saint-Père de la consécration du monde à Notre Dame ; mais le moment est si incertain et si difficile que Dieu seul sait ce qui peut arriver.

Nous continuerons à prier dans la certitude que sa divine Volonté un jour se réalisera pleinement. ».

L’assurance de la réalisation de la consécration Alexandrina l’avait reçue de Notre Seigneur à diverses reprises. Il lui a même dit qu’elle ne mourrait pas avant la célébration de cette consécration.

Le 25 avril 1938 Notre Seigneur lui commandait de dire à son Directeur spirituel d’écrire au Saint-Père pour lui faire part de sa divine Volonté :

“Je veux la consécration du monde à mon Immaculée Mère, mais je veux que le monde connaisse la raison de cette consécration : Je veux que l’on fasse pénitence et que l’on prie. C’est toi qui retiens la Justice divine et il faut que tu souffres tout cela (des angoisses de toute sortes, surtout celle de se voir condamnée à l’enfer) jusqu’à ce qu’il le consacre”.

Déjà le 20 septembre 1937, Jésus lui adressait ces paroles :

“Je viendrai te chercher bientôt, mais je ne le ferai pas avant que le monde soit consacré au Cœur Immaculé de ma Très Sainte Mère…”

Alors je lui ai dit :

— O mon Jésus, le Saint-Père ne semble pas décidé, il tarde tant !

Et Notre Seigneur me dit ensuite :

“Sois tranquille, ma fille, ne te fais pas de soucis : Il attends ; je jour de la glorification arrivera”.

Et encore, le samedi 24 janvier 1941, Jésus lui dit :

“En ce jour qui lui est consacré (à la Sainte Vierge) je te promets de venir bientôt te chercher ; d’accorder, dans le ciel, à tes prières et à ton amour, tout ce que tu as mériter d’obtenir, sur la terre, par tes douleurs. Mais, pour cela, ma fille, prie le Saint-Père d’avoir pitié de ton martyre, en réalisant, sans tarder, les desseins de ton Jésus, c’est-à-dire, en consacrant le monde au Cœur de ma bienheureuse Mère”

En attendant, Alexandrina continuait, invariablement, de vivre la Passion tous les vendredis et ces extases étaient de plus en plus douloureuses. Mais, voilà qu’ils se terminent subitement le 27 mars 1942. Quelle en était la raison ?

Souvenons-nous que lors de la première « passion » Jésus lui avait dit que celle-ci était un signe accordé au Saint-Père, en vue de la réalisation de la consécration du monde à Notre Dame. Or, cette consécration tant désirée allait bientôt être réalisée.

Est-ce qu’à ce moment-là le Pape avait décidé de la faire ? S’il en était ainsi, il n’y avait plus de raison pour que ces extases se poursuivent.

Ce qui est sûr, c’est que le 22 mai 1942 Notre Seigneur disait à Alexandrina :

« Gloire ! Gloire ! Gloire à Jésus ! Honneur et gloire à Marie ! Le cœur du Pape, le cœur d’or, est décidé à consacrer le monde au Cœur de Marie.

Quel bonheur ! Quelle joie pour le monde d’être consacré, d’appartenir plus que jamais à la Mère de Jésus !

Le monde entier appartient déjà au divin Cœur de Jésus, de même il va appartenir au Cœur Immaculée de Marie !... »

Le 29 du même mois, pendant une extase, Jésus lui disait :

« Ave Marie, Mère de Jésus ! Honneur, gloire et triomphe pour son Cœur Immaculé

Ave Marie, Mère de Jésus, Mère de tout l’univers !

Qui ne voudra pas appartenir à la Mère de Jésus ? A la Dame de la Victoire ?

L’univers entier va être consacré à son divin Cœur.

Garde, Vierge pure, garde, Vierge Père, en ton Cœur Très Saint, tous tes enfants ».


[1] Cette demande de consécration du monde au Sacré-cœur a été faite aussi au Portugal, par Jésus Lui-même à la bienheureuse Marie du Divin-Cœur, supérieure du couvent du Bon Pasteur à Porto, béatifiée le 1 novembre 1975, par le pape Paul VI. Il est intéressant de noter que les trois consécrations aient été demandées au Portugal “qui gardera le dogme de la foi”. En 1899, la consécration du genre humain au Sacré-Cœur. En 1917, à Fatima, la consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie. En 1935, à Balasar, à Alexandrina Maria, Jésus demande la consécration du monde au “Cœur Immaculé de sa Très Sainte Mère”. Note du traducteur.

[2] La guerre civile en Espagne.