Le Père Pinho et Alexandrina
I
TABLE
PREMIÈRE
PARTIE – La rencontre – Esquisse biographique – Obéissance d'Alexandrina – La piété d'Alexandrina – Prédiction de l'éxil
DEUXIÈME PARTIE
La rencontre
La rencontre d’Alexandrina
Maria da Costa et du Père jésuite Mariano Pinho, semble à
première
vue tout à fait fortuite, due au
hasard d’un triduum réalisé par le curé
de Balasar en 1933. C’est aller vite que de penser que le hasard y est
pour quelque chose…
Dans son Autobiographie, la
Bienheureuse avoue elle-même : « J’ignorais ce que c’était qu’un
directeur spirituel :
c’était Monsieur le Curé qui guidait mon âme ». Il faut dire de
suite que le suivi de son âme — confession régulière et instruction
catéchétique — étant assuré par le curé du village, le Père Manuel de
Araujo, elle était persuadée que cela suffisait. N’oublions pas que la
bonne Alexandrina était une simple et humble campagnarde, peu instruite
et, qu’en 1931, son cheminement commençait à peine à poindre, même si,
par « petites touches » le Seigneur commençait déjà à s’occuper de son
jardin intérieur.
Écoutons-la nous raconter
cette première rencontre :
« Ma sœur, lors d’une
retraite des “Filles de Marie” — en 1931 — a demandé au
prédicateur, le Père Mariano Pinho, de devenir son directeur spirituel.
Celui-ci mis au courant de mon existence et de ma maladie, a sollicité
mes prières, avec la promesse de réciprocité. De temps à autre il
m’envoyait une image pieuse ».
Les choses auraient pu en
rester là : une réciprocité de prières. Mais Alexandrina ressentait en
son cœur une attirance révérencieuse envers le Jésuite et n’hésita pas à
lui écrire le 1er janvier 1933, pour lui « déclarer ses
fautes » :
« Je vous écris, mon
Père, pour soulager mon âme, vous déclarant mes fautes. Je commencerai
par vous dire que mes prières ne sont pas abondantes et de surcroît,
elles sont mal faites : je ne peux mieux faire. Ma pensée voyage
partout ; si je pouvais l’apprivoiser, ce serait une excellente chose.
Avec ma mère et ma sœur, j’ai toujours quelques impatiences, mais je
fais de mon mieux pour m’en corriger. Toutefois, le démon, lui aussi,
n’en finit pas de me faire des suggestions, dans l’espoir que je cède un
jour ou l’autre. Vis-à-vis du prochain, je dois aussi dire quelque
chose : je fais pourtant de mon mieux pour ne pas y manquer, mais
parfois, je n’y réussis pas.
Enfin, je suis tellement
faible et pécheresse, que je n’arrive pas à me corriger de mes péchés.
Que Notre Seigneur ait pitié de moi ».
C’est tellement simple,
tellement humble, presque enfantin, que l’on ne peut pas s’empêcher de
sourire de tant de candeur, de tant d’innocence manifestées en ces
quelques lignes.
Malgré cette entrée en
matière — elle lui écrira encore d’autres lettres avant leur rencontre
—, pendant les deux prochaines années Alexandrina continuera d’être
« administrée » par le curé du village, jusqu’au jour où celui-ci
ayant organisé dans sa paroisse un triduum, invita le Père Mariano Pinho
à venir assurer les sermons.
Mais peu de temps avant
cette venue, un petit incident vient mettre à jour cette admiration
toute simple, cet attrait révérenciel pour l’homme d’Église :
« Deux ans plus tard
— raconte-t-elle dans son Autobiographie —, ayant appris qu’il était
malade, mon émotion est allée jusqu’aux larmes ; je ne sais pas
pourquoi. Ma sœur, étonnée, m’a demandé pourquoi je pleurais alors même
que je ne le connaissais pas. Je lui ai répondu : — Je pleure parce
qu’il est mon ami et que je le suis aussi de lui ».
Puis, le jour tant attendu,
tant désiré arriva :
« Le 16 août 1933, le
Père Pinho est venu dans notre paroisse prêcher un triduum en l’honneur
du Sacré-Cœur de Jésus et, à cette occasion je l’ai obtenu comme
directeur spirituel ».
Le Père Pinho lui-même s’en
souvient très bien :
« Ce fut dans ces
conditions — de maladie grave — que je trouvai Alexandrina, quand
je la vis pour la première fois, au cours d’un Triduum que je prêchais à
Balasar (Sainte-Eulalie) du 16 au 20 août 1933. Elle était alors dans sa
vingt-huitième année, environ, et paralysée depuis neuf ans.
Plusieurs fois j’eus
l’occasion de lui parler durant le triduum et, dès le premier abord, je
compris que je me trouvais devant une âme d’une grande vertu: très
simple, sincère, foncièrement pieuse, d’une totale résignation à la
volonté de Dieu, vivement désireuse de se sanctifier et de sauver les
pécheurs, ne respirant que pureté et innocence.
Jusqu’à ce moment-là,
l’Esprit Saint seul, l’avait dirigée; elle ignorait ce que c’était qu’un
directeur spirituel. Suite à ses pressantes demandes, je me chargeai de
la conduite de son âme »
.
La voilà donc comblée et
joyeuse d’avoir obtenu pour sa direction spirituelle cet homme cultivé
et de surcroît excellent Directeur d’âmes. Mais, elle n’osera pas tout
lui dire de ce qu’elle ressent déjà en son fond intérieur ; non pas
qu’elle ait voulu lui mentir, mais il était très compliqué pour elle
d’expliquer à cet homme qu’elle rencontrait pour la première fois,
toutes les choses que le Seigneur tissait déjà en elle et qui allaient
crescendo.
Écoutons-la nous
l’expliquer dans son Autobiographie :
« Je ne lui ai pas parlé
de mon offrande pour les Tabernacles, de la chaleur que j’éprouvais, de
la force qui me soulevait — il lui arrivait de subir la lévitation —, ni
des paroles que j’interprétais comme de simples inspirations de Jésus ».
Il ne s’agissait pas, bien
entendu, d’inspirations, mais bien de vraies locutions intérieures.
Deolinda, sa sœur, confirma les lévitations que par fois Alexandrina
subissait.
Ces manifestations sont
expliquées par sainte Thérèse d’Avila, dans le livre de sa Vie,
au chapitre 18, où elle traite de l’union statique et où elle parle des
extases simples, des lévitations et de l’envol de l’esprit.
Mais, comme pour s’excuser,
elle poursuit :
« Ce ne fut que quelques
mois plus tard que j’ai mis le Père au courant des paroles de Jésus. Je
n’ai rien dit d’autre, parce que je ne comprenais rien aux choses du
Seigneur.
Le Père ne m’a pas
confirmé s’il s’agissait bien de paroles de Dieu ; toutefois, je
continuais à vivre très unie au Seigneur: jour et nuit, les Tabernacles
étaient ma demeure préférée.
Ce fut seulement au mois
d’août 1934 que je me suis décidée à ouvrir mon cœur à mon Père
spirituel, venu à Balasar pour une série de sermons. J’ai eu peur,
alors, qu’une fois au courant de ma vie, il ne veuille plus continuer de
me diriger ».
Mais, qui était donc cet
homme de Dieu qui lui inspirait tant d’admiration ?
Esquisse biographique
Le Père Mariano Pinho
naquit à Porto (Portugal) le 16 janvier 1894. Il est entré à la
Compagnie de Jésus à Alsemberg, en Belgique, le 7 décembre 1910. Les
Jésuites avaient, en effet, été expulsés du Portugal, lors de
l’avènement de la République, le 5 octobre de la même année 1910. Après
son cours de philosophie — à Ona (Espagne) —, il partit en Autriche, à
Innsbruck, où il fit sa théologie. Entre ces deux matières, il fit un
séjour au Brésil où il fut professeur au Collège Antonio Vieira. C’est
dans ce pays « frère » qu’il fut ordonné prêtre le 7 février
1926. Revenu au Portugal, il fut le directeur du « Messager du
Sacré-Cœur ».
Il jouissait d’une grande
renommée en tant que prédicateur, raison pour laquelle il prêchât dans
les plus importantes églises du Pays. Il a écrit aussi de nombreux
ouvrages et avait un penchant pour la musique. Il composait avec une
certaine facilité : il avait une âme d’artiste.
Il devint, en 1933,
directeur spirituel d’Alexandrina Maria, charge qu’il occupa jusqu’en
1942, de façon régulière. Victime de calomnies et de l’opposition de
certains de ses collègues, il dut abandonner la direction de la
Bienheureuse et fût exilé au Brésil, où il rendit sa belle âme à Dieu le
11 juillet 1963, deux avant que ne commence le procès diocésain de
béatification et canonisation de son ancienne dirigée.
Le Cardinal Patriarche de
Lisbonne, Manuel Gonçalves Cerejeira, disait de lui: « Le Père
Mariano Pinho fut un saint malgré sa charité ingénue... »
Voilà qui nous aide à mieux
comprendre cet homme de Dieu qui « jouissait d’une grande renommée »
et qui de surcroît « fut un saint malgré sa charité ingénue »,
comme l’affirme le Cardinal Patriarche de Lisbonne.
Obéissance d'Alexandrina
Maintenant on comprendra
mieux la suite de ce qui est écrit dans l’Autobiographie
d’Alexandrina
à son sujet :
« Alors même que je me
débattais avec ce doute — sur la vérité ou non des interventions
divines en son âme —, Jésus m’a dit :
— Obéis en tout : ce
n’est pas toi qui l’as choisi, mais moi qui te l’ai envoyé.
Quand le Père m’a
demandé de quelle façon j’avais entendu lesdites paroles, il ne m’a pas
expliqué si elles étaient ou non de Jésus ».
Réconfortée par les paroles
de Jésus, Alexandrina se consacra davantage encore à la prière.
Le fait que son nouveau
Directeur spirituel ne n’éclaire pas tout de suite sur l’origine de ses
sentiments les plus intimes et de la véracité ou non des paroles
entendues, ne l’a nullement découragée, bien au contraire.
« Les forces physiques
m’ayant quittée — écrit-elle —,
j’ai abandonné les distractions et, à travers la prière qui me procurait
un vrai réconfort, je me suis habituée à vivre dans une intime union
avec le Seigneur ».
Sa sœur Deolinda, de qui le
Père Umberto Pasquale — deuxième Directeur spirituel de la Bienheureuse
— disait ne savoir laquelle des deux était la plus sainte, s’en étonna
et le fit remarquer à Alexandrina, laquelle en parle dans son
Autobiographie :
« Quelques jours plus
tard, ma sœur, ayant remarqué que je consacrais beaucoup de temps à la
prière, m’en a demandé l’explication. Je lui ai dit comment j’occupais
mon temps et ce que je ressentais, ajoutant que c’était sûrement la foi
et la ferveur avec laquelle je récitais mes prières qui m’absorbaient de
la sorte. Deolinda a semblé d’accord et m’a demandé de lui dire tout,
afin de pouvoir se remplir de ferveur, elle aussi ».
Mais, le Père Pinho, lui,
n’en fut pas étonné, car il comprit « rapidement, [et put]
vérifier qu’Alexandrina était une âme d’oraison et de continuelle union
avec Dieu.
Sur ce point —
ajoute-t-il encore —, le divin Esprit Saint commença très tôt à
l’attirer à lui et à se faire son Maître »
.
L’amour voué par
Alexandrina au Saint-Sacrement est en train de grandir, de prendre la
première place dans son cœur et dans son âme ; de devenir sa
préoccupation première et pour cela même, elle a de la peine de ne pas
pouvoir se déplacer jusqu’à l’église du village pour y assister au Saint
sacrifice et recevoir la Communion qui lui manque tant.
Les deux sœurs en parlent
et, l’idée de demander au Père Pinho la possibilité de célébrer la messe
dans sa chambre commence à germer, mais elles n’osent pas le demander ;
le Père Pinho, comme par une inspiration divine va au-devant des désirs
de la Bienheureuse ; il lui écrit et le propose a Alexandrina ; Celle-ci
n’en croit pas ses yeux : elle se demande si elle a bien lu, puis elle
s’enhardi et répond au Jésuite en ces termes :
« Dans votre lettre,
vous me demandiez si j’aimerais entendre la sainte Messe. Cela fait déjà
bien longtemps que je le désire. Quand vous êtes venu pour le triduum,
j’en ai parlé à ma sœur, mais par timidité et pour ne pas vous obliger à
rester à jeun, ce qui nous peine, nous n’avons pas osé vous le demander.
Toutefois, si cela était possible, quelle joie, cela serait pour nous ;
vous ne pouvez pas vous l’imaginer. Mais nous pensons au sacrifice que
cela vous coûterait de venir à jeun et, avec tout ce froid... »
Et toujours cette
préoccupation de l’autre : qu’il ne souffre pas à cause d’elle, que rien
ne puisse lui arriver par le fait de lui rendre service ou tout
simplement de lui être agréable. Ce trait de caractère était chez elle
inné : après Dieu, la préoccupation du prochain, la volonté de les aimer
tous, de prier pour eux, de les savoir heureux et sauvés, était
prédominante et constante ; sa charité était indéfectible et héroïque.
Sa lettre eut une suite
heureuse, un résultat qui lui causa tant de joie et de bonheur :
« Le 20 novembre 1933,
j’ai eu la grâce de la première Messe célébrée dans ma chambre » —
écrit-elle dans son Autobiographie.
Maintenant qu’elle a
davantage confiance, qu’elle se sent plus à l’aise avec son Père
spirituel, elle vau aussi s’ouvrir bien plus à lui :
« Dans la nuit de samedi
à dimanche — écrit-elle au Père Pinho le 28 novembre 1933 —, je
ne sais pas ce qui m’a pris : je dormais et tout à coup je me suis
réveillée, je croyais mourir.
Cet étrange phénomène ne
dure pas longtemps, mais il se répète souvent. Je pense que c’est à
cause de mon épine dorsale. Je ne voudrais, en aucun cas, perdre la
raison. J’espère que Notre Seigneur m’écoute, mais que sa très sainte
volonté soit faite...
Quand vous êtes venu,
j’ai pensé que ce serait la dernière fois ; mais ce n’a pas été le cas,
car Notre Seigneur sait que j’ai besoin que quelqu’un m’aide à être
sainte, comme je le désire ardemment, bien que j’en sois très loin...
Bien souvent je demande :
— O mon Jésus, que
voulez-vous que je fasse ?
Et à chaque fois
j’entends la même réponse :
— Souffrir, aimer,
réparer !
Je ne vois pas comment,
une fois de plus, je pourrai m’amender, mais je veux être sainte; c’est
ce que je demande tous les jours au Seigneur »
.
Voici tracé le chemin, « la
route étroite » que le Seigneur avait choisi pour son épouse, la jeune
enfant de Balasar.
Mais, elle n’est pas
ingrate : elle accepte et en demande, comme elle le dit elle-même, tout
simplement :
« Tous les jours je
demande des souffrances ; et, pendant les heures où je souffre je
ressens beaucoup de consolations, car j’ai davantage à offrir à mon
Jésus. Il y a, toutefois, des choses qui me coûtent beaucoup, mais que
seule la volonté de Dieu soit faite, et non pas la mienne ».
Le Directeur spirituel
interroge sa « fille » : il veut savoir ce qu’elle fait de ses journées
passées sur son lit de douleur, quelles sont ses prières : il veut mieux
la connaître pour mieux la conseiller, pour mieux accomplir la tâche que
librement il avait acceptée.
La réponse est simple,
humble, presque enfantine. C’est la réponse d’une enfant de Dieu qui a
compris les paroles de Jésus : « Je vous le dis, en vérité, si vous ne
changez et ne devenez comme les enfants, vous n'entrerez point dans le
royaume des cieux ».
« Chaque matin je
commençais mes prières par le signe de Croix, ensuite, je m’unissais à
Jésus au très Saint-Sacrement et je faisais ma Communion spirituelle,
ajoutant cette prière jaculatoire :
— Cœur Sacré de Jésus,
je vous consacre ma journée.
Je récitais cette prière
jaculatoire trois fois. Et j’ajoutais :
— O Jésus, donnez-moi
votre bénédiction! Je veux être sainte.
Ensuite je demandais la
bénédiction de la très Sainte Trinité, de Notre-Dame, de saint Joseph de
tous anges, saints et saintes du ciel, en disant:
— Avec votre
bénédiction, je ne craindrai rien; je serai sainte, comme je le désire
ardemment.
Ensuite je récitais
trois Gloria et j’offrais les actions de la journée en récitant la
prière : “Je vous offre, ô mon Jésus, en union, etc.”. Pater, Ave,
Gloria. “Cœur sacré de Jésus qui nous aimez tant, faites que je vous
aime de plus en plus”. Je récitais aussi le Credo et, ensuite
j’ajoutais :
— O mon Jésus, je m’unis
spirituellement, maintenant et pour toujours, à toutes les saintes
Messes qui, de jour comme de nuit, sont célébrées sur toute l’étendue de
la terre. Jésus, immolez-moi avec vous au Père éternel pour les mêmes
intentions que vous-même, vous offrez. »
Alexandrina poursuivait
— raconte le Père Pinho lui-même —, montrant à quel point elle
unissait intensément ses deux dévotions les plus caractéristiques : le
Saint-Sacrement et la très Sainte Vierge.
« Me tournant ensuite
vers Notre-Dame — poursuit Alexandrina —, je lui disais :
— Je vous salue, Marie,
pleine de grâce !... Je vous salue, ô pleine de grâce, ma Petite-Maman
du ciel, je veux être sainte; bénissez-moi et demandez à Jésus de me
donner sa bénédiction !
Je me consacrais à Elle
de cette façon :
— Petite-Maman chérie,
je vous consacre mes yeux, mes oreilles, ma bouche, mon cœur, mon âme,
ma virginité, ma pureté, ma chasteté. Acceptez-en tout, ma chère
Petite-Maman, vous êtres le dépôt béni de toute notre richesse. Je vous
consacre mon présent et mon avenir, ma vie et ma mort, tout ce que l’on
me donnera, toutes les prières et les offrandes que l’on fera pour moi !
Ouvrez vos bras et
enlacez-moi. Serrez-moi contre votre Cœur très saint, couvrez-moi de
votre manteau; acceptez-moi comme votre fille très aimée et
consacrez-moi toute à Jésus. Renfermez-moi pour toujours dans son divin
Cœur et aidez-le vous-même à crucifier mon corps et mon âme: que rien,
dans celui-ci ne subsiste qui ne soit crucifié.
Ma Petite-Maman,
rendez-moi humble, obéissante, pure, chaste d’âme et de corps.
Transformez-moi en amour ; consumez-moi dans les flammes de l’amour de
Jésus...
Maman chérie, demandez
pardon pour moi à Jésus; dites-lui que c’est l’enfant prodigue qui
retourne à la maison de son Père, disposée à le suivre, à l’aimer, à
l’adorer, à lui obéir, à l’imiter. Dites-lui que je ne veux plus
l’offenser.
Ma Petite-Maman du ciel,
inspirez-moi une douleur si grande de mes péchés; que mon repentir soit
tel, que je devienne pure, que je devienne comme un ange, pure comme
lors de mon baptême, afin que par ma pureté, je mérite la compassion de
mon Jésus; que je puisse Le recevoir sacramentellement chaque jour et Le
posséder toujours en moi, jusqu’à mon dernier soupir.
Maman chérie, venez avec
moi dans tous les Tabernacles du monde, dans tout lieu où Jésus habite
sacramentellement. Présentez-lui mon humble oblation. O comme Jésus sera
content de l’offrande la plus pauvre, la plus misérable, la plus
indigne, mais remise par vous, combien plus de valeur n’aura-t-elle pas
auprès de votre et mon Jésus !...
Ma douce Petite-Maman,
je veux aller de Tabernacle en Tabernacle demander des grâces à Jésus,
comme l’abeille qui va de fleur en fleur pour cueillir le nectar !
Ma tendre Maman, je veux
devenir comme un rocher d’amour devant sa demeure, afin que nul ne
parvienne à blesser son Cœur et ne renouvelle ses Plaies et sa Passion.
Maman chérie, parlez à
Jésus par mon cœur et par mes lèvres ; rendez mes prières plus
ferventes, mes demandes plus efficaces.
O mon Jésus, je me
consacre toute à vous. Que votre Cœur me soit grand ouvert. Permettez
que je rentre dans cette Fournaise ardente, dans ce Feu brûlant.
Fermez-le sur moi, mon bon Jésus ; que j’y demeure pour y rendre mon
dernier soupir enivrée de votre divin Amour. Ne souffrez pas que je me
sépare de vous sur la terre, sinon pour m’unir à vous, éternellement,
dans le ciel ».
Ce souhait de rendre son
dernier soupir dans le Cœur miséricordieux de Jésus, s’accomplit, comme
en témoigne Monseigneur Mendes do Carmo, ancien recteur du Collège
Portugais de Rome :
« Je lui ai suggéré, à ses
derniers moments, auxquels j’ai eu la joie d’assister, de réciter la
prière “Très Sainte Trinité, etc.” ; “Mon Dieu, dans votre
Cœur je remets mon esprit...”. Elle sourit et expira.
Mais, voici le jugement que
porte sur la Bienheureuse son premier Directeur spirituel :
« Il n’est donc pas
étonnant que quelqu’un possédant, dès son enfance et aux aurores de sa
jeunesse un aussi grand esprit d’oraison, atteigne, progressivement, le
sommet ».
Dans cette même lettre du
26 décembre 1938, Alexandrina lui révèle l’extraordinaire prière,
composée par elle-même et adressée à Jésus au Très Saint-Sacrement :
« O Jésus, je veux
que chacune de mes douleurs, chaque battement de mon cœur, chacune de
mes respirations, chaque seconde de ma vie, chaque minute,
soient autant d'actes
d'amour pour vos Tabernacles.
Je veux que chaque
mouvement de mes pieds, de mes mains, de mes lèvres, de ma langue,
chacune de mes larmes, chaque sourire, joie, tristesse, tribulation,
distraction, contrariété ou ennui,
soient autant d'actes
d'amour pour vos Tabernacles.
O Jésus, je veux que
chaque lettre des prières que je récite ou entends réciter, toutes les
paroles que je prononce ou entends prononcer, que je lis ou entends
lire, que j’écris ou vois écrire, que je chante ou entends chanter,
soient autant d’actes
d’amour pour vos Tabernacles.
Je veux que chaque
baiser que je déposerai sur vos saintes images, celles de la votre et ma
sainte Mère, celles de vos saints et saintes,
soient autant d’actes
d’amour pour vos Tabernacles.
O Jésus, je veux que
chaque goutte de pluie qui tombe du ciel sur la terre, que toute l'eau
des océans et tout ce qu'ils renferment, que toute l'eau des fleuves et
des rivières,
soient autant d'actes
d'amour pour vos Tabernacles.
Je vous offre les
feuilles de tous les arbres, et tous les fruits que sur eux mûrissent ;
chaque pétale de toutes les fleurs ; toutes les graines que contient le
monde ; tout ce qu'il y a dans les jardins, dans les champs, dans les
vallées, sur les montagnes : tout cela je veux vous l'offrir,
comme autant d'actes
d'amour pour vos tabernacles.
O Jésus, je vous
offre les plumes des oiseaux et leurs gazouillements, les poils des
animaux et leurs cris,
comme autant d'actes
d'amour pour vos Tabernacles.
O Jésus, je vous
offre le jour et la nuit, la chaleur et le froid, le vent, la neige, la
lune, le clair de lune, le soleil, les étoiles du firmament, mon sommeil
et mes rêves,
comme autant d'actes
d'amour pour vos Tabernacles.
Je veux que chaque
fois que j'ouvre ou ferme les yeux,
ce soit autant
d'actes d'amour pour vos Tabernacles.
O Jésus, je vous
offre toutes les grandeurs, richesses et trésors du monde, tout ce qui
se passe en moi, tout ce que j'ai l'habitude de vous offrir,
comme autant d'actes
d'amour pour vos Tabernacles.
O Jésus, le ciel et
la terre, l'océan et tout ce qu'ils contiennent, je vous les offre comme
s'ils m'appartenaient et si je pouvais en disposer ; acceptez-les
comme autant d'actes
d'amour pour vos Tabernacles ».
La piété d'Alexandrina
« La piété d’Alexandrina
— explique encore le Père Pinho — était éminemment mariale et, tout
particulièrement eucharistique, comme nous venons de le voir.
Jésus-Hostie était toute sa vie. Aussi souffrait-elle beaucoup chaque
fois qu’elle était privée de la Communion ».
En effet, la Communion
assidue, voire même quotidienne, est le désir le plus cher d’Alexandrina,
mais il n’est pas toujours possible au nouveau curé de Balasar de la
visiter et de lui apporter ainsi Jésus-Hostie, et la Bienheureuse s’en
plaint humblement à son Père spirituel :
« Quoique le
Saint-Sacrement soit mon meilleur ami, je regrette de devoir le dire, je
ne le reçois que rarement. Au début on me portait la Sainte Communion
tous les premiers vendredis, samedis et dimanches ; maintenant, il ne
vient plus le dimanche. Que dois-je faire ? Souffrir pour l’amour de mon
Bien-Aimé Jésus ».
Entendre parler de
profanations perpétrées contre le Saint-Sacrement, contre l’Église, est
pour elle cause de grandes souffrances spirituelles, mais ce sont des
souffrances humblement acceptées ou même demandées pour réparer les
offenses faites à Dieu, à ses saints ou aux lieux sacrés.
« J’ai répété à Jésus
— écrit-elle — : envoyez-moi, mon Jésus, ce que vous voudrez, afin
que je puisse réparer les offenses que vous recevez ».
Dans une autre lettre
adressée à son Directeur spirituel elle confie :
« Je ne sais pas si
c’est grâce aux prières que vous faites pour moi, que je me sens à
chaque heure qui passe davantage forte dans mes souffrances ; mais je me
sens le courage de souffrir de plus en plus, et j’espère que Notre
Seigneur, petit à petit, augmentera ma douleur jusqu’à ce que je meure
embrasée par son divin Amour, clouée sur la Croix avec lui ».
Nous arrivons maintenant à
un tournant da la vie spirituelle d’Alexandrina : le Seigneur va se
montrer de plus en plus pressant à son égard ; Il va lui demander de Lui
ressembler encore davantage dans les souffrances qui vont du Jeudi au
Vendredi Saints, c’est-à-dire la période de sa douloureuse Passion.
Alexandrina ne s’y
attendait pas, raison pour laquelle elle en fait part à son Père
spirituel :
« Soyons sûrs que plus
grand est le sacrifice, plus grande sera aussi la récompense du
Seigneur. Voila ma conviction.
Mon Père, je vais moi aussi
faire un grand sacrifice. Notre Seigneur le sait bien, et vous-même,
vous pourrez vous faire une idée de ce que ceci me coûte. Mais avant de
le faire, je l’ai offert au bon Jésus...
Jeudi 6, Monsieur le Curé
est venu apporter la Communion à une voisine malade et, par la même
occasion, il est venu me la donner. Après avoir communié, je me sentais
froide et incapable de toute action de grâces ; mais, loué soit mon
Jésus, car il n’a regardé ni ma froideur ni mon indignité. Il m’a semblé
entendre alors ces paroles :
— Donne-moi tes mains :
je veux les clouer avec les miennes ; donne-moi tes pieds : je veux les
clouer avec les miens ; donne-moi ta tête : je veux la couronner
d’épines, comme ils me l’ont fait à moi ; donne-moi ton cœur : je veux
le transpercer avec la lance, comme ils ont transpercé le mien ;
consacre-moi tout ton corps ; offre-toi toute à moi ; je veux te
posséder entièrement.
Ceci fut suffisant pour me
tenir en haleine, très préoccupée. Je ne savais que faire : me taire et
ne rien dire, me semblait ne pas correspondre à la volonté de Notre
Seigneur ; il me semblait que mon bon Jésus ne voulait pas que j’occulte
ses paroles...
Il faut encore que je vous
dise que vendredi et aujourd’hui, Notre Seigneur a renouvelé ses
demandes. Il m’a recommandé aussi l’obéissance en tout, comme je vous
l’ai déjà expliqué.
S’agit-il d’une illusion de
ma part ? O mon Jésus, pardonnez-moi si je vous offense, mais je ne veux
pas vous offenser... je le fais par obéissance... »
Il faut ici expliquer la
petite phrase : “Il m’a demandé aussi l’obéissance en tout, comme je
vous l’ai déjà expliquer“.
« En effet — écrit
le Père Pinho —, Notre Seigneur plus d’une fois lui avait dit d’obéir
en tout à son directeur spirituel, en ce qui concerne la direction de
son âme. Je dois dire que je n’ai jamais rencontré une personne qui soit
aussi scrupuleusement docile aux instructions que je lui donnais ».
Il est aussi nécessaire de
dire que depuis cette lettre du 8 septembre 1934, le Père Mariano Pinho
recommanda à Deolinda d’observer tout ce qui arriverait, d’en prendre
note afin de l’informer et aussi de servir de secrétaire à Alexandrina,
pour tout ce que celle-ci aurait besoin d’écrire.
Et, grâce à ce sage
conseil, nous disposons aujourd’hui d’un immense matériel qui nous
éclaire sur la vie spirituelle de celle que d’aucuns voient déjà
“Docteur de l’Église”, au même rang que sainte Thérèse d’Avila, sainte
Catherine de Sienne et, plus récemment, sainte Thérèse de
l’Enfant-Jésus.
Jésus insista auprès de la
bienheureuse Alexandrina pour qu’elle accepte d’être la victime
consentante et généreuse dont il voulait avoir besoin pour le salut des
âmes.
Toujours obéissante, elle
en fit part à son Père spirituel :
« Il m’a demandé ceci
deux fois — le 6 et le 8 septembre — confie-t-elle dans son Journal
spirituel.
Je ne sais pas expliquer
mon tourment, parce que je ne peux pas écrire.
Je ne voulais rien dire à ma sœur, mais je ne voulais pas non plus le
taire, car j’ai compris que je ne devais pas le faire, taire la parole
de Dieu : je devais tout dire à mon directeur spirituel.
Je me suis décidée à
faire le sacrifice et j’ai demandé à Deolinda d’écrire tout ce que je
lui dicterais. Nous l’avons fait sans échanger le moindre regard. La
lettre étant écrite, tout cela est resté entre nous et nous n’en avons
plus parlé.
Si jusque là toutes les
lettres de mon directeur spirituel me rendaient joyeuse, à partir de ce
moment, je n’en éprouvais plus la moindre consolation : je vivais dans
la crainte qu’il me désapprouve et me dise que tout cela n’était
qu’illusion.
J’avais cédé à
l’invitation du Seigneur, mais je pensais que les sacrifices qu’Il me
demandait n’étaient que ceux résultant de ma maladie, même si majorés ;
il ne m’était pas venu à l’esprit qu’Il me ferait passer par des
phénomènes singuliers.
Le directeur m’a exigé
de tout écrire et, pendant deux ans et demi il ne m’a jamais dit qu’il
s’agissait bien de choses de Dieu. Ce silence m’a fait beaucoup
souffrir ».
C’était la période des
visites régulières du Seigneur qui se montrait à elle sous des formes
diverses, comme elle nous l’explique simplement :
« À cette époque Jésus
m'apparaissait, et me parlait souvent. La consolation spirituelle était
grande et les souffrances plus faciles à supporter. En toute chose je
sentais de l'amour pour mon Jésus et je sentais qu'Il m'aimait, étant
donné que je recevais abondance de tendresses. Je cherchais le silence.
O comme je me sentais bien dans le recueillement et bien unie à Lui !...
Jésus se confiait à moi. Il me disait des choses tristes, mais le
réconfort et l'amour qu'Il me procurait, rendaient plus douces ses
lamentations. Je passais des nuits et des nuits sans dormir, à converser
avec Lui, dans la contemplation de ce qu'Il me montrait ».
Il faut remarquer
l’importance de cette dernière phrase. En effet, Alexandrina avait une
connaissance très approfondie des choses de Dieu, au dire de certains
théologiens qui l’ont fréquentée et qui ont témoigné : « Je n’ai
jamais entendu un tel discours » ; « Je ne saurais jamais parler
de la sorte du mystère de la Sainte Trinité » ; « Elle, toute
seule, converti davantage de pécheurs que cent prêtres... », Et
d’autres témoignages encore qui, pour la plupart figurent au “Summarium”
de sa cause de béatification et canonisation.
« Une nuit —
raconte-t-elle encore dans son Autobiographie —, Jésus m’est apparu,
grandeur nature, dévêtu jusqu’à la ceinture. Sur ses divines mains, sur
ses pieds et sur sa poitrine, de profondes plaies étaient ouvertes. Le
sang coulait jusqu’à sa taille, et traversant le linge qui le ceignait,
tombait à terre. Jésus s’est assis sur le bord de mon lit. J’ai embrassé
avec amour les plaies de ses mains et je désirais ardemment embrasser
celles de ses pieds. Comme j’étais couchée, je ne pouvais y parvenir,
mais je n’ai rien dit au Seigneur. Mais Lui, qui connaît mes désirs, m’a
présenté, l’un après l’autre ses pieds, afin que je puisse les
embrasser. J’ai contemplé ensuite la plaie de son côté et le sang qui,
abondamment, coulait de celle-ci. Grandement attendrie, je me suis jetée
dans les bras de Jésus et je lui ai dit :
— O mon Jésus, combien
avez-vous souffert par amour pour moi !
Je suis restée quelques
instants la tête inclinée sur la poitrine de Jésus qui, ensuite a
disparu.
Il est inutile de dire
que plus jamais je ne pourrai l’oublier, et que toujours je m’en
souviendrai comme quelque chose qui serait toujours présente ».
Prédiction de l'éxil
Puis, le Seigneur va lui
confier une sorte de secret, ou plutôt une prophétie que, ni Alexandrina
ni le Père Pinho, ont comprise à cette époque-là :
« Mon Bien-Aimé Jésus
m’a dit qu’il sera mon Directeur et mon Maître, continuel, fréquent et
habituel; que vous-même le serez de loin ; mais que je dois vous obéir
jusqu’à préférer votre direction à la sienne ».
En effet, comme nous en
parlerons plus loin, le Père Mariano Pinho fut exilé au Brésil (de
loin), mais continua de donner ses directives à Alexandrina.
Mais, voyons qu’elle fut la
mission que le Seigneur lui confia et qui avait été l’objet de plusieurs
lettres d’Alexandrina à son Père spirituel :
« — Je souhaite
ardemment que tu apprennes toutes mes leçons. J’ai beaucoup à
t’apprendre, afin que par toi, beaucoup viennent apprendre les mêmes
leçons, qu’ils marchent sur les mêmes traces et qu’ils suivent les mêmes
chemins.
Avise ton directeur
spirituel que J’exige que l’on prêche et que l’on propage la dévotion
aux Tabernacles, et d’avantage encore : qu’elle soit rallumée dans les
âmes. Je ne suis pas resté sur les autels par amour uniquement de ceux
qui m’aiment, mais pour l’amour de tous ; même en travaillant on peut me
consoler.
— Veille sur mes
tabernacles. J’y suis si seul dans un très grand nombre !... Des jours
et des jours passent sans que quelqu’un me rende visite. On ne m’aime
pas, on ne répare pas. Quand ils y viennent, ils le font soit par
habitude ou par quelque obligation. Sais-tu ce qui ne cesse pas de
tomber sur mes tabernacles ? C’est cette chaîne de péchés et de crimes.
Ce sont là les actes d’amour qu’ils y déposent ; c’est ainsi qu’ils me
consolent ; c’est ainsi qu’ils réparent ; c’est ainsi encore qu’ils
m’aiment !... »
Ne me refuse pas les
souffrances et les sacrifices pour les pécheurs ! La Justice de Dieu
pèse sur eux. Toi, tu peux les secourir.
Prie pour les prêtres :
ce sont les ouvriers de ma vigne; la récolte dépend d’eux...
Je choisis les faibles
pour les rendre forts. Sous leur faiblesse Je cache mon pouvoir, mon
amour et ma gloire. Oublie le monde et offre-toi à moi. Abandonne-toi
entre mes bras : Je choisirai tes sentiers.
Console-moi et aime-moi
et moi, Je te consolerai dans toutes tes afflictions et dans tous tes
besoins.
J’ai établi en toi ma
demeure... tu es un tabernacle construit non pas par des mains d’homme,
mais par des mains divines... J’habite en toi comme si dans le monde toi
seule, tu existais, comme si dans le monde Je n’avais que toi à combler.
Je ne t’abandonnerai
jamais. Sais-tu quand Je te laisserai ? Quand je t’appellerai en ma
divine présence pour t’emmener au Ciel. Alors seulement J’abandonnerai
ton corps... Me le donnes-tu librement afin que Je le crucifie pour les
pécheurs ?
Quel que soit le travail,
fait avec honnêteté, aimé ou du moins accepté avec sérénité, comme
devoir humain et offert consciemment à Dieu, a valeur de prière.
Cette vérité fut débattue
et clairement définie lors du Concile Vatican II.
Un témoignage, concernant
Alexandrina, est celui de Felizmina dos Santos Martins, qui interrogée
lors du Procès diocésain pour la béatification, confia : “Un jour, me
trouvant à côté du lit d’Alexandrina, elle m’expliqua comment nous
pouvions nous unir spirituellement au Seigneur, y compris pendant le
travail. Ce fut alors qu’elle m’expliqua comment faire la Communion
spirituelle pour m’unir aux Tabernacles les plus abandonnés et au
Tabernacle de notre église”.
Une autre lettre encore,
avant de clore cette première partie et de parler de la première
“passion” vécue par Alexandrina :
« Peu avant de dicter
cette lettre, Notre Seigneur m’a demandé mon cœur pour le placer dans le
sien, afin que je n’ai pas d’autre amour que Lui et celui de ses œuvres.
Il m’a dit que toutes les âmes y ont leur place, dans son divin Cœur,
mais que j’y avais une place de choix. Il m’a encore dit :
— Ma fille, n’as-tu
pas compassion de Moi ?...
Je suis seul et
abandonné, dans mes tabernacles, et tellement offensé ! Viens me
consoler, viens réparer ; réparer pour tant d’abandon...
Visiter les
prisonniers dans leurs cachots et les consoler est une œuvre de
miséricorde. Moi, Je suis prisonnier et prisonnier par amour ; Je suis
le Prisonnier des prisonniers !...
Notre Seigneur m’a dit
que je suis son temple.
Temples de la très
Sainte Trinité sont toutes les âmes en état de grâce, mais que moi, par
une grâce particulière, je suis un tabernacle qu’il s’est choisi pour y
habiter et s’y reposer afin de davantage rassasier la soif que j’ai de
son Sacrement d’Amour... Jésus me dit encore qu’il se sert de moi afin
que par moi beaucoup d’âmes soient stimulées à l’aimer dans la sainte
Eucharistie.
— Je t’ai choisie
pour moi. Correspond à mon amour. Je veux être ton Époux, ton Bien-Aimé,
ton tout. Je t’ai choisie aussi pour le bonheur de beaucoup d’âmes. Tu
es mon temple, temple de la très Sainte Trinité. Toutes les âmes en état
de grâce le sont, mais tu l’es de façon spéciale. Tu es un tabernacle
choisi par moi, afin que J’y habite et M’y repose. Je veux rassasier ta
soif pour mon Sacrement d’amour.
Tu es comme le
canal par où passeront
les grâces que Je veux distribuer aux âmes et à travers lequel les âmes
viendront à moi. Je me sers de toi afin que beaucoup d’âmes viennent à
moi : par ton intermédiaire, beaucoup d’âmes seront stimulées à m’aimer
dans la très Sainte Eucharistie.
Reçois, maintenant,
ma fille, le Sang de mon divin Cœur : c'est la vie dont tu as besoin,
c'est la vie que Je donne aux âmes.
Dis au monde entier
qu'il écoute la voix de son pasteur, le Pape, laquelle est la voix de
Jésus. Je veux de l'amour, de la pureté d'âme, changement de vie. Que la
voix du Saint-Père soit pour le monde un aussi vibrant appel que celui
de Noé...
Qu'il parle aux
nations et à ses gouvernants, afin qu'un terme soit mis à tant
d'immoralité...
J'ai renouvelé, à
perpétuité, mon vœu de virginité et de pureté, suppliant la Sainte
Vierge de me purifier de toute tache, de me consacrer toute à Jésus et
de me renfermer dans son Sacré-Cœur. Je tressaillais de joie. Peu après,
Notre Seigneur m'a parlé ainsi :
— J'ai reçu ton
offrande, par l'entremise de ma très Sainte Mère. Si tu savais combien
tu as consolé ton Jésus et réjoui la Très Sainte Trinité !... Si tu
pouvais comprendre la gloire que ton oblation t'a acquise pour le ciel,
tu mourrais de bonheur !...
Désormais, Je te
comblerai de bienfaits... tu arrêteras le bras de la Justice divine
prête à foudroyer les pécheurs... tu seras un puissant secours à tant
d'âmes enchaînées par le péché... tu es la victime de mes prisons
eucharistiques.
J’ai eu un bon Maître.
C’est vous le premier, ô mon Jésus, que depuis toute petite, m’avez
appris ! »
suite...
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