PRO CAUSA DE BEATIFICAÇÃO - PRO CAUSE DE BÉATIFICATION

Le Père Pinho et Alexandrina
I

TABLE

PREMIÈRE PARTIE – La rencontre – Esquisse biographique – Obéissance d'Alexandrina – La piété d'Alexandrina – Prédiction de l'éxil

DEUXIÈME PARTIE

 

La rencontre

La rencontre d’Alexandrina Maria da Costa et du Père jésuite Mariano Pinho, semble à première vue tout à fait fortuite, due au hasard d’un triduum réalisé par le curé de Balasar en 1933. C’est aller vite que de penser que le hasard y est pour quelque chose…

Dans son Autobiographie, la Bienheureuse avoue elle-même : « J’ignorais ce que c’était qu’un directeur spirituel :[1] c’était Monsieur le Curé qui guidait mon âme ». Il faut dire de suite que le suivi de son âme — confession régulière et instruction catéchétique — étant assuré par le curé du village, le Père Manuel de Araujo, elle était persuadée que cela suffisait. N’oublions pas que la bonne Alexandrina était une simple et humble campagnarde, peu instruite et, qu’en 1931, son cheminement commençait à peine à poindre, même si, par « petites touches » le Seigneur commençait déjà à s’occuper de son jardin intérieur.

Écoutons-la nous raconter cette première rencontre :

« Ma sœur, lors d’une retraite des “Filles de Marie” — en 1931 — a demandé au prédicateur, le Père Mariano Pinho, de devenir son directeur spirituel. Celui-ci mis au courant de mon existence et de ma maladie, a sollicité mes prières, avec la promesse de réciprocité. De temps à autre il m’envoyait une image pieuse ».

Les choses auraient pu en rester là : une réciprocité de prières. Mais Alexandrina ressentait en son cœur une attirance révérencieuse envers le Jésuite et n’hésita pas à lui écrire le 1er janvier 1933, pour lui « déclarer ses fautes » :

« Je vous écris, mon Père, pour soulager mon âme, vous déclarant mes fautes. Je commencerai par vous dire que mes prières ne sont pas abondantes et de surcroît, elles sont mal faites : je ne peux mieux faire. Ma pensée voyage partout ; si je pouvais l’apprivoiser, ce serait une excellente chose. Avec ma mère et ma sœur, j’ai toujours quelques impatiences, mais je fais de mon mieux pour m’en corriger. Toutefois, le démon, lui aussi, n’en finit pas de me faire des suggestions, dans l’espoir que je cède un jour ou l’autre. Vis-à-vis du prochain, je dois aussi dire quelque chose : je fais pourtant de mon mieux pour ne pas y manquer, mais parfois, je n’y réussis pas.

Enfin, je suis tellement faible et pécheresse, que je n’arrive pas à me corriger de mes péchés. Que Notre Seigneur ait pitié de moi ».

C’est tellement simple, tellement humble, presque enfantin, que l’on ne peut pas s’empêcher de sourire de tant de candeur, de tant d’innocence manifestées en ces quelques lignes.

Malgré cette entrée en matière — elle lui écrira encore d’autres lettres avant leur rencontre —, pendant les deux prochaines années Alexandrina continuera d’être « administrée » par le curé du village, jusqu’au jour où celui-ci ayant organisé dans sa paroisse un triduum, invita le Père Mariano Pinho à venir assurer les sermons.

Mais peu de temps avant cette venue, un petit incident vient mettre à jour cette admiration toute simple, cet attrait révérenciel pour l’homme d’Église :

« Deux ans plus tard — raconte-t-elle dans son Autobiographie —, ayant appris qu’il était malade, mon émotion est allée jusqu’aux larmes ; je ne sais pas pourquoi. Ma sœur, étonnée, m’a demandé pourquoi je pleurais alors même que je ne le connaissais pas. Je lui ai répondu : — Je pleure parce qu’il est mon ami et que je le suis aussi de lui ».

Puis, le jour tant attendu, tant désiré arriva :

« Le 16 août 1933, le Père Pinho est venu dans notre paroisse prêcher un triduum en l’honneur du Sacré-Cœur de Jésus et, à cette occasion je l’ai obtenu comme directeur spirituel ».

Le Père Pinho lui-même s’en souvient très bien :

« Ce fut dans ces conditions — de maladie grave — que je trouvai Alexandrina, quand je la vis pour la première fois, au cours d’un Triduum que je prêchais à Balasar (Sainte-Eulalie) du 16 au 20 août 1933. Elle était alors dans sa vingt-huitième année, environ, et paralysée depuis neuf ans.

Plusieurs fois j’eus l’occasion de lui parler durant le triduum et, dès le premier abord, je compris que je me trouvais devant une âme d’une grande vertu: très simple, sincère, foncièrement pieuse, d’une totale résignation à la volonté de Dieu, vivement désireuse de se sanctifier et de sauver les pécheurs, ne respirant que pureté et innocence.

Jusqu’à ce moment-là, l’Esprit Saint seul, l’avait dirigée; elle ignorait ce que c’était qu’un directeur spirituel. Suite à ses pressantes demandes, je me chargeai de la conduite de son âme » [2].

La voilà donc comblée et joyeuse d’avoir obtenu pour sa direction spirituelle cet homme cultivé et de surcroît excellent Directeur d’âmes. Mais, elle n’osera pas tout lui dire de ce qu’elle ressent déjà en son fond intérieur ; non pas qu’elle ait voulu lui mentir, mais il était très compliqué pour elle d’expliquer à cet homme qu’elle rencontrait pour la première fois, toutes les choses que le Seigneur tissait déjà en elle et qui allaient crescendo.

Écoutons-la nous l’expliquer dans son Autobiographie :

« Je ne lui ai pas parlé de mon offrande pour les Tabernacles, de la chaleur que j’éprouvais, de la force qui me soulevait — il lui arrivait de subir la lévitation —, ni des paroles que j’interprétais comme de simples inspirations de Jésus ».

Il ne s’agissait pas, bien entendu, d’inspirations, mais bien de vraies locutions intérieures. Deolinda, sa sœur, confirma les lévitations que par fois Alexandrina subissait.

Ces manifestations sont expliquées par sainte Thérèse d’Avila, dans le livre de sa Vie, au chapitre 18, où elle traite de l’union statique et où elle parle des extases simples, des lévitations et de l’envol de l’esprit.

Mais, comme pour s’excuser, elle poursuit :

« Ce ne fut que quelques mois plus tard que j’ai mis le Père au courant des paroles de Jésus. Je n’ai rien dit d’autre, parce que je ne comprenais rien aux choses du Seigneur.

Le Père ne m’a pas confirmé s’il s’agissait bien de paroles de Dieu ; toutefois, je continuais à vivre très unie au Seigneur: jour et nuit, les Tabernacles étaient ma demeure préférée.

Ce fut seulement au mois d’août 1934 que je me suis décidée à ouvrir mon cœur à mon Père spirituel, venu à Balasar pour une série de sermons. J’ai eu peur, alors, qu’une fois au courant de ma vie, il ne veuille plus continuer de me diriger ».

Mais, qui était donc cet homme de Dieu qui lui inspirait tant d’admiration ?

Esquisse biographique

Le Père Mariano Pinho naquit à Porto (Portugal) le 16 janvier 1894. Il est entré à la Compagnie de Jésus à Alsemberg, en Belgique, le 7 décembre 1910. Les Jésuites avaient, en effet, été expulsés du Portugal, lors de l’avènement de la République, le 5 octobre de la même année 1910. Après son cours de philosophie — à Ona (Espagne) —, il partit en Autriche, à Innsbruck, où il fit sa théologie. Entre ces deux matières, il fit un séjour au Brésil où il fut professeur au Collège Antonio Vieira. C’est dans ce pays « frère » qu’il fut ordonné prêtre le 7 février 1926. Revenu au Portugal, il fut le directeur du « Messager du Sacré-Cœur ».

Il jouissait d’une grande renommée en tant que prédicateur, raison pour laquelle il prêchât dans les plus importantes églises du Pays. Il a écrit aussi de nombreux ouvrages et avait un penchant pour la musique. Il composait avec une certaine facilité : il avait une âme d’artiste.

Il devint, en 1933, directeur spirituel d’Alexandrina Maria, charge qu’il occupa jusqu’en 1942, de façon régulière. Victime de calomnies et de l’opposition de certains de ses collègues, il dut abandonner la direction de la Bienheureuse et fût exilé au Brésil, où il rendit sa belle âme à Dieu le 11 juillet 1963, deux avant que ne commence le procès diocésain de béatification et canonisation de son ancienne dirigée.

Le Cardinal Patriarche de Lisbonne, Manuel Gonçalves Cerejeira, disait de lui: « Le Père Mariano Pinho fut un saint malgré sa charité ingénue... »

Voilà qui nous aide à mieux comprendre cet homme de Dieu qui « jouissait d’une grande renommée » et qui de surcroît « fut un saint malgré sa charité ingénue », comme l’affirme le Cardinal Patriarche de Lisbonne.

Obéissance d'Alexandrina

Maintenant on comprendra mieux la suite de ce qui est écrit dans l’Autobiographie d’Alexandrina à son sujet :

« Alors même que je me débattais avec ce doute — sur la vérité ou non des interventions divines en son âme —, Jésus m’a dit :

Obéis en tout : ce n’est pas toi qui l’as choisi, mais moi qui te l’ai envoyé.

Quand le Père m’a demandé de quelle façon j’avais entendu lesdites paroles, il ne m’a pas expliqué si elles étaient ou non de Jésus ».

Réconfortée par les paroles de Jésus, Alexandrina se consacra davantage encore à la prière.

Le fait que son nouveau Directeur spirituel ne n’éclaire pas tout de suite sur l’origine de ses sentiments les plus intimes et de la véracité ou non des paroles entendues, ne l’a nullement découragée, bien au contraire.

« Les forces physiques m’ayant quittée — écrit-elle —, j’ai abandonné les distractions et, à travers la prière qui me procurait un vrai réconfort, je me suis habituée à vivre dans une intime union avec le Seigneur ».

Sa sœur Deolinda, de qui le Père Umberto Pasquale — deuxième Directeur spirituel de la Bienheureuse — disait ne savoir laquelle des deux était la plus sainte, s’en étonna et le fit remarquer à Alexandrina, laquelle en parle dans son Autobiographie :

« Quelques jours plus tard, ma sœur, ayant remarqué que je consacrais beaucoup de temps à la prière, m’en a demandé l’explication. Je lui ai dit comment j’occupais mon temps et ce que je ressentais, ajoutant que c’était sûrement la foi et la ferveur avec laquelle je récitais mes prières qui m’absorbaient de la sorte. Deolinda a semblé d’accord et m’a demandé de lui dire tout, afin de pouvoir se remplir de ferveur, elle aussi ».

Mais, le Père Pinho, lui, n’en fut pas étonné, car il comprit « rapidement, [et put] vérifier qu’Alexandrina était une âme d’oraison et de continuelle union avec Dieu.

Sur ce point — ajoute-t-il encore —, le divin Esprit Saint commença très tôt à l’attirer à lui et à se faire son Maître » [3].

L’amour voué par Alexandrina au Saint-Sacrement est en train de grandir, de prendre la première place dans son cœur et dans son âme ; de devenir sa préoccupation première et pour cela même, elle a de la peine de ne pas pouvoir se déplacer jusqu’à l’église du village pour y assister au Saint sacrifice et recevoir la Communion qui lui manque tant.

Les deux sœurs en parlent et, l’idée de demander au Père Pinho la possibilité de célébrer la messe dans sa chambre commence à germer, mais elles n’osent pas le demander ; le Père Pinho, comme par une inspiration divine va au-devant des désirs de la Bienheureuse ; il lui écrit et le propose a Alexandrina ; Celle-ci n’en croit pas ses yeux : elle se demande si elle a bien lu, puis elle s’enhardi et répond au Jésuite en ces termes :

« Dans votre lettre, vous me demandiez si j’aimerais entendre la sainte Messe. Cela fait déjà bien longtemps que je le désire. Quand vous êtes venu pour le triduum, j’en ai parlé à ma sœur, mais par timidité et pour ne pas vous obliger à rester à jeun, ce qui nous peine, nous n’avons pas osé vous le demander. Toutefois, si cela était possible, quelle joie, cela serait pour nous ; vous ne pouvez pas vous l’imaginer. Mais nous pensons au sacrifice que cela vous coûterait de venir à jeun et, avec tout ce froid... » [4]

Et toujours cette préoccupation de l’autre : qu’il ne souffre pas à cause d’elle, que rien ne puisse lui arriver par le fait de lui rendre service ou tout simplement de lui être agréable. Ce trait de caractère était chez elle inné : après Dieu, la préoccupation du prochain, la volonté de les aimer tous, de prier pour eux, de les savoir heureux et sauvés, était prédominante et constante ; sa charité était indéfectible et héroïque.

Sa lettre eut une suite heureuse, un résultat qui lui causa tant de joie et de bonheur :

« Le 20 novembre 1933, j’ai eu la grâce de la première Messe célébrée dans ma chambre » — écrit-elle dans son Autobiographie.

Maintenant qu’elle a davantage confiance, qu’elle se sent plus à l’aise avec son Père spirituel, elle vau aussi s’ouvrir bien plus à lui :

« Dans la nuit de samedi à dimanche — écrit-elle au Père Pinho le 28 novembre 1933 —, je ne sais pas ce qui m’a pris : je dormais et tout à coup je me suis réveillée, je croyais mourir.

Cet étrange phénomène ne dure pas longtemps, mais il se répète souvent. Je pense que c’est à cause de mon épine dorsale. Je ne voudrais, en aucun cas, perdre la raison. J’espère que Notre Seigneur m’écoute, mais que sa très sainte volonté soit faite...

Quand vous êtes venu, j’ai pensé que ce serait la dernière fois ; mais ce n’a pas été le cas, car Notre Seigneur sait que j’ai besoin que quelqu’un m’aide à être sainte, comme je le désire ardemment, bien que j’en sois très loin... Bien souvent je demande :

— O mon Jésus, que voulez-vous que je fasse ?

Et à chaque fois j’entends la même réponse :

Souffrir, aimer, réparer !

Je ne vois pas comment, une fois de plus, je pourrai m’amender, mais je veux être sainte; c’est ce que je demande tous les jours au Seigneur » [5].

Voici tracé le chemin, « la route étroite » que le Seigneur avait choisi pour son épouse, la jeune enfant de Balasar.

Mais, elle n’est pas ingrate : elle accepte et en demande, comme elle le dit elle-même, tout simplement :

« Tous les jours je demande des souffrances ; et, pendant les heures où je souffre je ressens beaucoup de consolations, car j’ai davantage à offrir à mon Jésus. Il y a, toutefois, des choses qui me coûtent beaucoup, mais que seule la volonté de Dieu soit faite, et non pas la mienne »[6].

Le Directeur spirituel interroge sa « fille » : il veut savoir ce qu’elle fait de ses journées passées sur son lit de douleur, quelles sont ses prières : il veut mieux la connaître pour mieux la conseiller, pour mieux accomplir la tâche que librement il avait acceptée.

La réponse est simple, humble, presque enfantine. C’est la réponse d’une enfant de Dieu qui a compris les paroles de Jésus : « Je vous le dis, en vérité, si vous ne changez et ne devenez comme les enfants, vous n'entrerez point dans le royaume des cieux »[7].

« Chaque matin je commençais mes prières par le signe de Croix, ensuite, je m’unissais à Jésus au très Saint-Sacrement et je faisais ma Communion spirituelle, ajoutant cette prière jaculatoire :

— Cœur Sacré de Jésus, je vous consacre ma journée.

Je récitais cette prière jaculatoire trois fois. Et j’ajoutais :

O Jésus, donnez-moi votre bénédiction! Je veux être sainte.

Ensuite je demandais la bénédiction de la très Sainte Trinité, de Notre-Dame, de saint Joseph de tous anges, saints et saintes du ciel, en disant:

Avec votre bénédiction, je ne craindrai rien; je serai sainte, comme je le désire ardemment.

Ensuite je récitais trois Gloria et j’offrais les actions de la journée en récitant la prière : “Je vous offre, ô mon Jésus, en union, etc.”. Pater, Ave, Gloria. “Cœur sacré de Jésus qui nous aimez tant, faites que je vous aime de plus en plus”. Je récitais aussi le Credo et, ensuite j’ajoutais :

O mon Jésus, je m’unis spirituellement, maintenant et pour toujours, à toutes les saintes Messes qui, de jour comme de nuit, sont célébrées sur toute l’étendue de la terre. Jésus, immolez-moi avec vous au Père éternel pour les mêmes intentions que vous-même, vous offrez. »

Alexandrina poursuivait — raconte le Père Pinho lui-même —, montrant à quel point elle unissait intensément ses deux dévotions les plus caractéristiques : le Saint-Sacrement et la très Sainte Vierge.

« Me tournant ensuite vers Notre-Dame — poursuit Alexandrina —, je lui disais :

Je vous salue, Marie, pleine de grâce !... Je vous salue, ô pleine de grâce, ma Petite-Maman du ciel, je veux être sainte; bénissez-moi et demandez à Jésus de me donner sa bénédiction !

Je me consacrais à Elle de cette façon :

Petite-Maman chérie, je vous consacre mes yeux, mes oreilles, ma bouche, mon cœur, mon âme, ma virginité, ma pureté, ma chasteté. Acceptez-en tout, ma chère Petite-Maman, vous êtres le dépôt béni de toute notre richesse. Je vous consacre mon présent et mon avenir, ma vie et ma mort, tout ce que l’on me donnera, toutes les prières et les offrandes que l’on fera pour moi !

Ouvrez vos bras et enlacez-moi. Serrez-moi contre votre Cœur très saint, couvrez-moi de votre manteau; acceptez-moi comme votre fille très aimée et consacrez-moi toute à Jésus. Renfermez-moi pour toujours dans son divin Cœur et aidez-le vous-même à crucifier mon corps et mon âme: que rien, dans celui-ci ne subsiste qui ne soit crucifié.

Ma Petite-Maman, rendez-moi humble, obéissante, pure, chaste d’âme et de corps. Transformez-moi en amour ; consumez-moi dans les flammes de l’amour de Jésus...

Maman chérie, demandez pardon pour moi à Jésus; dites-lui que c’est l’enfant prodigue qui retourne à la maison de son Père, disposée à le suivre, à l’aimer, à l’adorer, à lui obéir, à l’imiter. Dites-lui que je ne veux plus l’offenser.

Ma Petite-Maman du ciel, inspirez-moi une douleur si grande de mes péchés; que mon repentir soit tel, que je devienne pure, que je devienne comme un ange, pure comme lors de mon baptême, afin que par ma pureté, je mérite la compassion de mon Jésus; que je puisse Le recevoir sacramentellement chaque jour et Le posséder toujours en moi, jusqu’à mon dernier soupir.

Maman chérie, venez avec moi dans tous les Tabernacles du monde, dans tout lieu où Jésus habite sacramentellement. Présentez-lui mon humble oblation. O comme Jésus sera content de l’offrande la plus pauvre, la plus misérable, la plus indigne, mais remise par vous, combien plus de valeur n’aura-t-elle pas auprès de votre et mon Jésus !...

Ma douce Petite-Maman, je veux aller de Tabernacle en Tabernacle demander des grâces à Jésus, comme l’abeille qui va de fleur en fleur pour cueillir le nectar !

Ma tendre Maman, je veux devenir comme un rocher d’amour devant sa demeure, afin que nul ne parvienne à blesser son Cœur et ne renouvelle ses Plaies et sa Passion.

Maman chérie, parlez à Jésus par mon cœur et par mes lèvres ; rendez mes prières plus ferventes, mes demandes plus efficaces.

O mon Jésus, je me consacre toute à vous. Que votre Cœur me soit grand ouvert. Permettez que je rentre dans cette Fournaise ardente, dans ce Feu brûlant. Fermez-le sur moi, mon bon Jésus ; que j’y demeure pour y rendre mon dernier soupir enivrée de votre divin Amour. Ne souffrez pas que je me sépare de vous sur la terre, sinon pour m’unir à vous, éternellement, dans le ciel ».

Ce souhait de rendre son dernier soupir dans le Cœur miséricordieux de Jésus, s’accomplit, comme en témoigne Monseigneur Mendes do Carmo, ancien recteur du Collège Portugais de Rome :

« Je lui ai suggéré, à ses derniers moments, auxquels j’ai eu la joie d’assister, de réciter la prière “Très Sainte Trinité, etc.” ; “Mon Dieu, dans votre Cœur je remets mon esprit...”. Elle sourit et expira.

Mais, voici le jugement que porte sur la Bienheureuse son premier Directeur spirituel :

« Il n’est donc pas étonnant que quelqu’un possédant, dès son enfance et aux aurores de sa jeunesse un aussi grand esprit d’oraison, atteigne, progressivement, le sommet »[8].

Dans cette même lettre du 26 décembre 1938, Alexandrina lui révèle l’extraordinaire prière, composée par elle-même et adressée à Jésus au Très Saint-Sacrement :

« O Jésus, je veux que chacune de mes douleurs, chaque battement de mon cœur, chacune de mes respirations, chaque seconde de ma vie, chaque minute,

soient autant d'actes d'amour pour vos Tabernacles.

Je veux que chaque mouvement de mes pieds, de mes mains, de mes lèvres, de ma langue, chacune de mes larmes, chaque sourire, joie, tristesse, tribulation, distraction, contrariété ou ennui,

soient autant d'actes d'amour pour vos Tabernacles.

O Jésus, je veux que chaque lettre des prières que je récite ou entends réciter, toutes les paroles que je prononce ou entends prononcer, que je lis ou entends lire, que j’écris ou vois écrire, que je chante ou entends chanter,

soient autant d’actes d’amour pour vos Tabernacles.

Je veux que chaque baiser que je déposerai sur vos saintes images, celles de la votre et ma sainte Mère, celles de vos saints et saintes,

soient autant d’actes d’amour pour vos Tabernacles.

O Jésus, je veux que chaque goutte de pluie qui tombe du ciel sur la terre, que toute l'eau des océans et tout ce qu'ils renferment, que toute l'eau des fleuves et des rivières,

soient autant d'actes d'amour pour vos Tabernacles.

Je vous offre les feuilles de tous les arbres, et tous les fruits que sur eux mûrissent ; chaque pétale de toutes les fleurs ; toutes les graines que contient le monde ; tout ce qu'il y a dans les jardins, dans les champs, dans les vallées, sur les montagnes : tout cela je veux vous l'offrir,

comme autant d'actes d'amour pour vos tabernacles.

O Jésus, je vous offre les plumes des oiseaux et leurs gazouillements, les poils des animaux et leurs cris,

comme autant d'actes d'amour pour vos Tabernacles.

O Jésus, je vous offre le jour et la nuit, la chaleur et le froid, le vent, la neige, la lune, le clair de lune, le soleil, les étoiles du firmament, mon sommeil et mes rêves,

comme autant d'actes d'amour pour vos Tabernacles.

Je veux que chaque fois que j'ouvre ou ferme les yeux,

ce soit autant d'actes d'amour pour vos Tabernacles.

O Jésus, je vous offre toutes les grandeurs, richesses et trésors du monde, tout ce qui se passe en moi, tout ce que j'ai l'habitude de vous offrir,

comme autant d'actes d'amour pour vos Tabernacles.

O Jésus, le ciel et la terre, l'océan et tout ce qu'ils contiennent, je vous les offre comme s'ils m'appartenaient et si je pouvais en disposer ; acceptez-les

comme autant d'actes d'amour pour vos Tabernacles ».

La piété d'Alexandrina

« La piété d’Alexandrina — explique encore le Père Pinho — était éminemment mariale et, tout particulièrement eucharistique, comme nous venons de le voir. Jésus-Hostie était toute sa vie. Aussi souffrait-elle beaucoup chaque fois qu’elle était privée de la Communion »[9].

En effet, la Communion assidue, voire même quotidienne, est le désir le plus cher d’Alexandrina, mais il n’est pas toujours possible au nouveau curé de Balasar de la visiter et de lui apporter ainsi Jésus-Hostie, et la Bienheureuse s’en plaint humblement à son Père spirituel :

« Quoique le Saint-Sacrement soit mon meilleur ami, je regrette de devoir le dire, je ne le reçois que rarement. Au début on me portait la Sainte Communion tous les premiers vendredis, samedis et dimanches ; maintenant, il ne vient plus le dimanche. Que dois-je faire ? Souffrir pour l’amour de mon Bien-Aimé Jésus »[10].

Entendre parler de profanations perpétrées contre le Saint-Sacrement, contre l’Église, est pour elle cause de grandes souffrances spirituelles, mais ce sont des souffrances humblement acceptées ou même demandées pour réparer les offenses faites à Dieu, à ses saints ou aux lieux sacrés.

« J’ai répété à Jésus — écrit-elle — : envoyez-moi, mon Jésus, ce que vous voudrez, afin que je puisse réparer les offenses que vous recevez ».[11]

Dans une autre lettre adressée à son Directeur spirituel elle confie :

« Je ne sais pas si c’est grâce aux prières que vous faites pour moi, que je me sens à chaque heure qui passe davantage forte dans mes souffrances ; mais je me sens le courage de souffrir de plus en plus, et j’espère que Notre Seigneur, petit à petit, augmentera ma douleur jusqu’à ce que je meure embrasée par son divin Amour, clouée sur la Croix avec lui ».[12]

Nous arrivons maintenant à un tournant da la vie spirituelle d’Alexandrina : le Seigneur va se montrer de plus en plus pressant à son égard ; Il va lui demander de Lui ressembler encore davantage dans les souffrances qui vont du Jeudi au Vendredi Saints, c’est-à-dire la période de sa douloureuse Passion.

Alexandrina ne s’y attendait pas, raison pour laquelle elle en fait part à son Père spirituel :

« Soyons sûrs que plus grand est le sacrifice, plus grande sera aussi la récompense du Seigneur. Voila ma conviction.

Mon Père, je vais moi aussi faire un grand sacrifice. Notre Seigneur le sait bien, et vous-même, vous pourrez vous faire une idée de ce que ceci me coûte. Mais avant de le faire, je l’ai offert au bon Jésus...

Jeudi 6, Monsieur le Curé est venu apporter la Communion à une voisine malade et, par la même occasion, il est venu me la donner. Après avoir communié, je me sentais froide et incapable de toute action de grâces ; mais, loué soit mon Jésus, car il n’a regardé ni ma froideur ni mon indignité. Il m’a semblé entendre alors ces paroles :

Donne-moi tes mains : je veux les clouer avec les miennes ; donne-moi tes pieds : je veux les clouer avec les miens ; donne-moi ta tête : je veux la couronner d’épines, comme ils me l’ont fait à moi ; donne-moi ton cœur : je veux le transpercer avec la lance, comme ils ont transpercé le mien ; consacre-moi tout ton corps ; offre-toi toute à moi ; je veux te posséder entièrement.

Ceci fut suffisant pour me tenir en haleine, très préoccupée. Je ne savais que faire : me taire et ne rien dire, me semblait ne pas correspondre à la volonté de Notre Seigneur ; il me semblait que mon bon Jésus ne voulait pas que j’occulte ses paroles...

Il faut encore que je vous dise que vendredi et aujourd’hui, Notre Seigneur a renouvelé ses demandes. Il m’a recommandé aussi l’obéissance en tout, comme je vous l’ai déjà expliqué.

S’agit-il d’une illusion de ma part ? O mon Jésus, pardonnez-moi si je vous offense, mais je ne veux pas vous offenser... je le fais par obéissance... »[13]

Il faut ici expliquer la petite phrase : “Il m’a demandé aussi l’obéissance en tout, comme je vous l’ai déjà expliquer“.

« En effet — écrit le Père Pinho —, Notre Seigneur plus d’une fois lui avait dit d’obéir en tout à son directeur spirituel, en ce qui concerne la direction de son âme. Je dois dire que je n’ai jamais rencontré une personne qui soit aussi scrupuleusement docile aux instructions que je lui donnais ».

Il est aussi nécessaire de dire que depuis cette lettre du 8 septembre 1934, le Père Mariano Pinho recommanda à Deolinda d’observer tout ce qui arriverait, d’en prendre note afin de l’informer et aussi de servir de secrétaire à Alexandrina, pour tout ce que celle-ci aurait besoin d’écrire.

Et, grâce à ce sage conseil, nous disposons aujourd’hui d’un immense matériel qui nous éclaire sur la vie spirituelle de celle que d’aucuns voient déjà “Docteur de l’Église”, au même rang que sainte Thérèse d’Avila, sainte Catherine de Sienne et, plus récemment, sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus.

Jésus insista auprès de la bienheureuse Alexandrina pour qu’elle accepte d’être la victime consentante et généreuse dont il voulait avoir besoin pour le salut des âmes.

Toujours obéissante, elle en fit part à son Père spirituel :

« Il m’a demandé ceci deux fois — le 6 et le 8 septembre — confie-t-elle dans son Journal spirituel.

Je ne sais pas expliquer mon tourment, parce que je ne peux pas écrire.[14] Je ne voulais rien dire à ma sœur, mais je ne voulais pas non plus le taire, car j’ai compris que je ne devais pas le faire, taire la parole de Dieu : je devais tout dire à mon directeur spirituel.

Je me suis décidée à faire le sacrifice et j’ai demandé à Deolinda d’écrire tout ce que je lui dicterais. Nous l’avons fait sans échanger le moindre regard. La lettre étant écrite, tout cela est resté entre nous et nous n’en avons plus parlé.

Si jusque là toutes les lettres de mon directeur spirituel me rendaient joyeuse, à partir de ce moment, je n’en éprouvais plus la moindre consolation : je vivais dans la crainte qu’il me désapprouve et me dise que tout cela n’était qu’illusion.

J’avais cédé à l’invitation du Seigneur, mais je pensais que les sacrifices qu’Il me demandait n’étaient que ceux résultant de ma maladie, même si majorés ; il ne m’était pas venu à l’esprit qu’Il me ferait passer par des phénomènes singuliers.

Le directeur m’a exigé de tout écrire et, pendant deux ans et demi il ne m’a jamais dit qu’il s’agissait bien de choses de Dieu. Ce silence m’a fait beaucoup souffrir ».[15]

C’était la période des visites régulières du Seigneur qui se montrait à elle sous des formes diverses, comme elle nous l’explique simplement :

« À cette époque Jésus m'apparaissait, et me parlait souvent. La consolation spirituelle était grande et les souffrances plus faciles à supporter. En toute chose je sentais de l'amour pour mon Jésus et je sentais qu'Il m'aimait, étant donné que je recevais abondance de tendresses. Je cherchais le silence. O comme je me sentais bien dans le recueillement et bien unie à Lui !... Jésus se confiait à moi. Il me disait des choses tristes, mais le réconfort et l'amour qu'Il me procurait, rendaient plus douces ses lamentations. Je passais des nuits et des nuits sans dormir, à converser avec Lui, dans la contemplation de ce qu'Il me montrait ».

Il faut remarquer l’importance de cette dernière phrase. En effet, Alexandrina avait une connaissance très approfondie des choses de Dieu, au dire de certains théologiens qui l’ont fréquentée et qui ont témoigné : « Je n’ai jamais entendu un tel discours » ; « Je ne saurais jamais parler de la sorte du mystère de la Sainte Trinité » ; « Elle, toute seule, converti davantage de pécheurs que cent prêtres... », Et d’autres témoignages encore qui, pour la plupart figurent au “Summarium” de sa cause de béatification et canonisation.

« Une nuit — raconte-t-elle encore dans son Autobiographie —, Jésus m’est apparu, grandeur nature, dévêtu jusqu’à la ceinture. Sur ses divines mains, sur ses pieds et sur sa poitrine, de profondes plaies étaient ouvertes. Le sang coulait jusqu’à sa taille, et traversant le linge qui le ceignait, tombait à terre. Jésus s’est assis sur le bord de mon lit. J’ai embrassé avec amour les plaies de ses mains et je désirais ardemment embrasser celles de ses pieds. Comme j’étais couchée, je ne pouvais y parvenir, mais je n’ai rien dit au Seigneur. Mais Lui, qui connaît mes désirs, m’a présenté, l’un après l’autre ses pieds, afin que je puisse les embrasser. J’ai contemplé ensuite la plaie de son côté et le sang qui, abondamment, coulait de celle-ci. Grandement attendrie, je me suis jetée dans les bras de Jésus et je lui ai dit :

— O mon Jésus, combien avez-vous souffert par amour pour moi !

Je suis restée quelques instants la tête inclinée sur la poitrine de Jésus qui, ensuite a disparu.

Il est inutile de dire que plus jamais je ne pourrai l’oublier, et que toujours je m’en souviendrai comme quelque chose qui serait toujours présente ».

Prédiction de l'éxil

Puis, le Seigneur va lui confier une sorte de secret, ou plutôt une prophétie que, ni Alexandrina ni le Père Pinho, ont comprise à cette époque-là :

« Mon Bien-Aimé Jésus m’a dit qu’il sera mon Directeur et mon Maître, continuel, fréquent et habituel; que vous-même le serez de loin ; mais que je dois vous obéir jusqu’à préférer votre direction à la sienne ».

En effet, comme nous en parlerons plus loin, le Père Mariano Pinho fut exilé au Brésil (de loin), mais continua de donner ses directives à Alexandrina.

Mais, voyons qu’elle fut la mission que le Seigneur lui confia et qui avait été l’objet de plusieurs lettres d’Alexandrina à son Père spirituel :

« — Je souhaite ardemment que tu apprennes toutes mes leçons. J’ai beaucoup à t’apprendre, afin que par toi, beaucoup viennent apprendre les mêmes leçons, qu’ils marchent sur les mêmes traces et qu’ils suivent les mêmes chemins.

Avise ton directeur spirituel que J’exige que l’on prêche et que l’on propage la dévotion aux Tabernacles, et d’avantage encore : qu’elle soit rallumée dans les âmes. Je ne suis pas resté sur les autels par amour uniquement de ceux qui m’aiment, mais pour l’amour de tous ; même en travaillant on peut me consoler.

— Veille sur mes tabernacles. J’y suis si seul dans un très grand nombre !... Des jours et des jours passent sans que quelqu’un me rende visite. On ne m’aime pas, on ne répare pas. Quand ils y viennent, ils le font soit par habitude ou par quelque obligation. Sais-tu ce qui ne cesse pas de tomber sur mes tabernacles ? C’est cette chaîne de péchés et de crimes. Ce sont là les actes d’amour qu’ils y déposent ; c’est ainsi qu’ils me consolent ; c’est ainsi qu’ils réparent ; c’est ainsi encore qu’ils m’aiment !... »

Ne me refuse pas les souffrances et les sacrifices pour les pécheurs ! La Justice de Dieu pèse sur eux. Toi, tu peux les secourir.

Prie pour les prêtres : ce sont les ouvriers de ma vigne; la récolte dépend d’eux...

Je choisis les faibles pour les rendre forts. Sous leur faiblesse Je cache mon pouvoir, mon amour et ma gloire. Oublie le monde et offre-toi à moi. Abandonne-toi entre mes bras : Je choisirai tes sentiers.

Console-moi et aime-moi et moi, Je te consolerai dans toutes tes afflictions et dans tous tes besoins.

J’ai établi en toi ma demeure... tu es un tabernacle construit non pas par des mains d’homme, mais par des mains divines... J’habite en toi comme si dans le monde toi seule, tu existais, comme si dans le monde Je n’avais que toi à combler.

Je ne t’abandonnerai jamais. Sais-tu quand Je te laisserai ? Quand je t’appellerai en ma divine présence pour t’emmener au Ciel. Alors seulement J’abandonnerai ton corps... Me le donnes-tu librement afin que Je le crucifie pour les pécheurs ? [16]

Quel que soit le travail, fait avec honnêteté, aimé ou du moins accepté avec sérénité, comme devoir humain et offert consciemment à Dieu, a valeur de prière.

Cette vérité fut débattue et clairement définie lors du Concile Vatican II.

Un témoignage, concernant Alexandrina, est celui de Felizmina dos Santos Martins, qui interrogée lors du Procès diocésain pour la béatification, confia : “Un jour, me trouvant à côté du lit d’Alexandrina, elle m’expliqua comment nous pouvions nous unir spirituellement au Seigneur, y compris pendant le travail. Ce fut alors qu’elle m’expliqua comment faire la Communion spirituelle pour m’unir aux Tabernacles les plus abandonnés et au Tabernacle de notre église”.

Une autre lettre encore, avant de clore cette première partie et de parler de la première “passion” vécue par Alexandrina :

« Peu avant de dicter cette lettre, Notre Seigneur m’a demandé mon cœur pour le placer dans le sien, afin que je n’ai pas d’autre amour que Lui et celui de ses œuvres. Il m’a dit que toutes les âmes y ont leur place, dans son divin Cœur, mais que j’y avais une place de choix. Il m’a encore dit :

Ma fille, n’as-tu pas compassion de Moi ?...

Je suis seul et abandonné, dans mes tabernacles, et tellement offensé ! Viens me consoler, viens réparer ; réparer pour tant d’abandon...

Visiter les prisonniers dans leurs cachots et les consoler est une œuvre de miséricorde. Moi, Je suis prisonnier et prisonnier par amour ; Je suis le Prisonnier des prisonniers !...

Notre Seigneur m’a dit que je suis son temple.

Temples de la très Sainte Trinité sont toutes les âmes en état de grâce, mais que moi, par une grâce particulière, je suis un tabernacle qu’il s’est choisi pour y habiter et s’y reposer afin de davantage rassasier la soif que j’ai de son Sacrement d’Amour... Jésus me dit encore qu’il se sert de moi afin que par moi beaucoup d’âmes soient stimulées à l’aimer dans la sainte Eucharistie.

— Je t’ai choisie pour moi. Correspond à mon amour. Je veux être ton Époux, ton Bien-Aimé, ton tout. Je t’ai choisie aussi pour le bonheur de beaucoup d’âmes. Tu es mon temple, temple de la très Sainte Trinité. Toutes les âmes en état de grâce le sont, mais tu l’es de façon spéciale. Tu es un tabernacle choisi par moi, afin que J’y habite et M’y repose. Je veux rassasier ta soif pour mon Sacrement d’amour.

Tu es comme le canal par où passeront les grâces que Je veux distribuer aux âmes et à travers lequel les âmes viendront à moi. Je me sers de toi afin que beaucoup d’âmes viennent à moi : par ton intermédiaire, beaucoup d’âmes seront stimulées à m’aimer dans la très Sainte Eucharistie.

Reçois, maintenant, ma fille, le Sang de mon divin Cœur : c'est la vie dont tu as besoin, c'est la vie que Je donne aux âmes.

Dis au monde entier qu'il écoute la voix de son pasteur, le Pape, laquelle est la voix de Jésus. Je veux de l'amour, de la pureté d'âme, changement de vie. Que la voix du Saint-Père soit pour le monde un aussi vibrant appel que celui de Noé...

Qu'il parle aux nations et à ses gouvernants, afin qu'un terme soit mis à tant d'immoralité...

J'ai renouvelé, à perpétuité, mon vœu de virginité et de pureté, suppliant la Sainte Vierge de me purifier de toute tache, de me consacrer toute à Jésus et de me renfermer dans son Sacré-Cœur. Je tressaillais de joie. Peu après, Notre Seigneur m'a parlé ainsi :

— J'ai reçu ton offrande, par l'entremise de ma très Sainte Mère. Si tu savais combien tu as consolé ton Jésus et réjoui la Très Sainte Trinité !... Si tu pouvais comprendre la gloire que ton oblation t'a acquise pour le ciel, tu mourrais de bonheur !...

Désormais, Je te comblerai de bienfaits... tu arrêteras le bras de la Justice divine prête à foudroyer les pécheurs... tu seras un puissant secours à tant d'âmes enchaînées par le péché... tu es la victime de mes prisons eucharistiques.

J’ai eu un bon Maître. C’est vous le premier, ô mon Jésus, que depuis toute petite, m’avez appris ! »[17]

* * * * *

[1] Alexandrina n’est pas la seule à ignorer ce que c’était qu’un directeur spirituel et sa nécessité. En effet, avant elle, Jean-Jacques Olier, dont la culture et la sainteté sont connues de tous, avoue lui-même, dans ses écrits autobiographiques : “n’ayant point de directeur et n’en connaissant pas, n’en sachant même pas la nécessité”.

Jean-Jacques Olier : “Mémoires authentiques”. Tome I, page 90.

[2] Mariano Pinho ; Victime de l’Eucharistie ; S. Paulo (Brésil).

[3] Ibid.

[4] Lettre du 6 novembre 1933 au Père Mariano Pinho.

[5] Lettre du 28 novembre 1933 au Père Mariano Pinho.

[6] Lettre du 30 décembre 1933 au Père Mariano Pinho.

[7] Matthieu : 18, 3.

[8] Mariano Pinho ; Victime de l’Eucharistie ; S. Paulo (Brésil).

[9] Ibid.

[10] Lettre du 8 mars 1934 au Père Mariano Pinho.

[11] Lettre du 15 août 1934 au Père Mariano Pinho.

[12] Et ces ardents désirs d’Alexandrina s’accompliront à la lettre, au delà de ses espérances!... (Lettre du 30 août 1934 au Père Mariano Pinho).

[13] Lettre du 8 septembre 1934 au Père Mariano Pinho.

[14] Dans une lettre du 7 avril 1934, au Père Mariano Pinho, elle explique: “... il m’est impossible de tenir la plume, même pour à peine quelques instants... On ne mas jamais gratté les os, mais j’ai l’impression que cela doit produire le même effet...”.

[15] Journal 8 septembre 1934.

[16] Journal du 1er novembre 1934.

[17] Lettre du 4 octobre 1934 au Père Mariano Pinho.

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